Montesquieu, l'esclavage des nègres
REPERES HISTORIQUES ET LITTERAIRES
L'esclavage n'est pas, au XVII° siècle une invention récente. Il est issu du droit de la guerre, de la nécessité économique (grands domaines, mines...), de l'organisation sociale ou des insuffisances techniques. Il ne reconnaît aucun statut juridique à l'esclave. Cf la protestation (mais pas la condamnation du phénomène) de Sénèque dans une Lettre à Lucilius (47).
Mais la "traite" est un fait nouveau : trafic triangulaire (Europe, Afrique, Amérique), grandes Compagnies et ports florissants (Nantes, Bordeaux).
Position des autorités politiques et religieuses :
Il s'agit d'une institution légalement officialisée par un édit de 1685 et patronné par les ministres. Choiseul déclare :"La traite des noirs mérite plus de protection que toute autre, puisqu'elle est le premier mobile des cultures."
"Louis XIII se fit une peine extrême de la loi qui rendait esclaves les nègres de ses colonies ; mais quand on lui eut bien mis dans l'esprit que c'était la voie la plus sûre pour les convertir, il y consentit." (Montesquieu, De l'esprit de lois, XV, 4)
Au XVII° siècle, Bossuet qui a pourtant pris position avec générosité sur la question de la justice et de la charité admet encore que le Saint-Esprit "ordonne aux esclaves, par la bouche de Saint Paul de demeurer en leur état et n'oblige pas les maîtres à les affranchir." (Avertissement aux Protestants, article 50)
Remarque : le mot "nègre" n' a pas de valeur péjorative au XVIII° siècle ; c'est le nom qu'on donne en général aux habitants noirs de l'Afrique. "Quand les Portugais découvrirent la côte occidentale de l'Afrique, ils donnèrent aux peuples noirs qui l'habitent le nom de "negro", qui signifie "noir" ; de là vient notre mot "nègre" ; on dit plutôt les "nègres" en parlant des habitats de la côte occidentale d'Afrique que les Noirs". (dictionnaire Littré).
Montesquieu lui-même est