mouches total
janvier 2012
Les dossiers pédagogiques « Théâtre » et « Arts du cirque » du réseau SCÉRÉN en partenariat avec le Théâtre
Dijon Bourgogne, centre dramatique national. Une collection coordonnée par le CRDP de l’académie de Paris.
Avant de voir le spectacle : la représentation en appétit !
La réécriture du mythe des Atrides
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Au Théâtre Dijon Bourgogne du 10 au 14 janvier 2012
Les Mouches de Jean-Paul Sartre
Mise en scène d’Éric Ferrand
© Vincent Arbelet, photo de répétiiton
Édito
Le théâtre de Jean-Paul Sartre n’a pas bonne presse. Qualifié de théâtre à thèse, de théâtre bourgeois ou de théâtre philosophique, il est rarement considéré comme du théâtre tout court.
Sartre affirme pourtant avoir voulu écrire du théâtre bien avant de s’intéresser à la philosophie.
« Le théâtre est la forme la plus appropriée aujourd’hui pour montrer l’homme en acte [c'est-à-dire l’homme tout simplement] », écrit-il dans un de ses nombreux articles consacrés à l’analyse de l’esthétique théâtrale.
Le théâtre en effet – du moins celui que connaît Sartre dans cette première partie du xxe siècle – fait exister des personnages dans le cadre d’une action (drama). C’est donc tout naturellement qu’il peut mettre en jeu des situations permettant aux personnages, conformément à la philosophie existentialiste, de se construire et de se définir par le libre choix d’actions assumées.
Que pour s’engager sur ces chemins de la liberté, Sartre ait recours au mythe des Atrides, voilà en revanche qui peut paraître paradoxal : Sartre reprend en réalité dans Les Mouches l’invariant mythique des tragédies antiques pour mieux le dynamiter de l’intérieur.
Dans la réécriture qu’il opère, la « tragédie de la fatalité » se mue en « tragédie de la liberté ».
Et c’est surtout cette réécriture transgressive de la tragédie qui intéresse le metteur en scène Éric
Ferrand : après avoir mis en scène en 2009 dans Œdipe tyran l’histoire d’Œdipe, celui qui ne peut échapper à son destin, Éric Ferrand,