Mouloud feraoun
Second texte après le récit de la vie dure mais digne au village, ce roman intervient dans l’intervalle qui a vu s’établir (1951), démarrer puis s’étioler(1957) les relations épistolaires entre Mouloud Feraoun et Albert Camus écrivain bien célèbre déjà et à la veille d’une consécration universelle (Prix Nobel, 1957). Afin de bien cerner le projet feraounien, projet indiscutablement patriotique car il chante l’attachement viscéral à la patrie, la terre ancestrale peu nourricière certes mais jamais ingrate, il n’est pas inutile de rappeler l’engagement esthétique de Feraoun.
L’acte de naissance de la vocation littéraire de Feraoun, précisera Christiane Achour (Anthologie de la littérature algérienne de langue française, ENAP-Bordas francophone, Paris, 1990, p.51) se réalise aux vacances de pâques de 1939). Il s’agit sans doute de l’esquisse du Fils du pauvre lequel ne sera achevé et publié que dix ans plus tard et réédité en 1954 aux éditions du Seuil. Ainsi donc, Le fils du pauvre voit le jour presque au moment même de la publication de l’enquête de Camus sur Misère de la Kabylie.
Pourquoi Mouloud Feraoun a-t-il focalisé toute son attention sur le terroir, sur la culture régionale, sur la spécificité kabyle ? Régionalisme et/ou ethnicisme comme l’ont souligné ses détracteurs ? A-t-il été sensible aux deux graves crises idéologico-politiques qui avaient secoué la vie politique algérienne à la fin des années 1940 - la crise dite berbériste - et au tout début des années 1950 - l’affaire de La colline oubliée - ?
Avec une si appuyée et si volontariste certitude, Christiane Achour écrit en 1990, peu de temps avant de se retirer en France suite aux lamentables déboires dont elle fut surtout la victime à l’université d’Alger et suite aux menaces réelles ou supposées que