Mulholland drive
MULHOLLAND DRIVE : LE TEMPS DE L’INTERPRETATION.
« L’amour est riche en signes, et se nourrit d’interprétations silencieuses. Une œuvre d’art vaut mieux qu’un ouvrage philosophique ; car ce qui est enveloppé dans le signe est plus profond que toutes les significations explicites. Ce qui nous fait violence est plus riche que tous les fruits de notre bonne volonté ou de notre travail attentif ; et plus important que la pensée, il y a « ce qui donne à penser » G. Deleuze, Proust et les signes.
Mulholland Drive a suscité, depuis sa sortie, une surenchère d’explications, d’analyses qui cherchent à éclaircir les points obscurs, mystérieux et autres énigmes qui foisonnent dans l’œuvre de D. Lynch. L’absence de récit linéaire, comportant un début, un milieu et une fin, les raccords cut, donnant une impression de désarticulation de la narration, déroutent, déboussolent le spectateur, l’engagent à chercher, après coup, ce qu’il n’a pas compris sur le moment et à revoir le film. Parce que le récit n’est pas linéaire, le spectateur entrecroise des images passées, celles qu’il voit sur le moment présent et l’interprétation qui ne pourra germer qu’ultérieurement. Néanmoins, loin d’être une explication image par image ou une compréhension globale, toute tentative d’interprétation, en général et pour ce film en particulier, doit accepter de se situer dans un entre-deux, entre sens et non-sens. C’est seulement rétrospectivement que la lecture c’est-à-dire l’interprétation du film peut avoir lieu. Interpréter, que faut-il entendre par là ? Comprendre, c’est chercher le vrai, la solution unique à un problème défini. Or les domaines de l’art, du mythe ou encore de l’inconscient, résistent à la compréhension qui cerne un sujet et en délimite tous les contours. Les œuvres d’art et plus particulièrement le film qui nous occupe, relèvent davantage de l’interprétation des images et des mots, par-delà vrai et faux que de la résolution