Murakami à versailles
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Pour la troisième année consécutive, le château de Versailles accueille un artiste contemporain. Après Jeff Koons en 2008 dans les grands appartements et Xavier Veilhan en 2009 dans la cour royale, c’est au tour de l’artiste japonais Takashi Murakami d’investir les lieux avec vingt-deux œuvres, dont onze spécialement créées pour l’événement. Pris en charge en 1993 par le galeriste parisien Emmanuel Perrotin, Murakami est devenu en l’espace de vingt ans l’un des artistes les plus côtés au monde. Cependant, sa présence à Versailles ne fait pas l’unanimité : au-delà de la pertinence du choix de l’œuvre pop d’inspiration manga dans un haut lieu de l’histoire de France, l’exposition est source d’une réflexion plus large sur l’art contemporain, le travail de l’artiste et, de façon générale, sur l’appréhension du cours de l’Histoire.
Murakami est un artiste de son temps. « Avatar japonais du pop art américain »[1], le japonais puise son inspiration dans l’imagerie populaire manga, combinée à un kitsch pop warholien : son travail est un véritable hub. L’hyperbole anime une iconographie légère et gaie, avant tout ludique, où chaque élément prend plaisir à vivre, des statues monumentales aux couleurs flashy, en passant par les fleurs au sourire psychédélique, sans oublier le jeune homme éjaculant sous forme de lasso (« My Lonesome Cow-boy », qui n’est pas exposé à Versailles).
Les œuvres hybrides de Murakami soulignent l’absurdité et la dérision d’un monde qui noie le non-sens général dans un amusement frénétique permanent. À la fois observateur et acteur de cette société globalisée, le japonais s’amuse de la vacuité de l’univers virtuel des otakus, terme japonais désignant les personnes obsédées par les mangas et les jeux vidéo. Il réalise un travail protéiforme, accumulant les collaborations avec le malletier Louis Vuitton, ou les rappeurs Kanye West et Pharrell Williams. Ses œuvres