« Tout l'art de Musset est précisément dans ce rideau d'ombre et de silence tiré entre deux échanges de paroles. Rien de moins analytique que cette dramaturgie sans transition... Entre deux dialogues, Marianne connait une mutation brusque, dont elle ne cherche pas à connaître la cause, mais dont elle assume entièrement les effets. Ainsi s'opère la symbiose d'une psychologie par secousses, qui tient au personnage, et d'un art de l'ellipse, essentiel à la comédie poétique. » Nous partirons de l'idée que l'évolution se fait dans le non dit, les « silence ». Ainsi il sous entend aussi que la composition du texte se fait sans analyse, au grès des hasards de la conversation. L'idée qu'il n'y ait pas de transition reviendrait alors à dire qu'il n'y a pas de raisonnement entre ces échanges de paroles. Mais si il y a bien du non dit, il n'est pas évident qu'il soit le fruit du hasard et que les mutations « brusques » des personnages soit inconscientes. La « comédie poétique » utilise justement un langage spécifique pour dévoiler des vérités secrètes chez les héros. Alors si les personnages évoluent, ce n'est peut être pas uniquement dans l'ombre, dans une « dramaturgie sans transition ». Peut être, au contraire, est_ce le fruit conscient de l'auteur, qui résulterait de cette « art de l'ellipse » puisque l'art semble impliquer une écriture consciente de la part de Musset. En quoi la comédie de Musset semble utiliser un langage poétique dévoilant la psychologie des personnages à travers le non-dit et le sous-entendu ? Plus précisément, en quoi l'art du dialogue, chez Musset, semble permettre aux personnages d'évoluer, et devient donc la clé de l'action dramatique ? Nous verrons dans un premier temps pourquoi cette pièce semble se construire dans le silence et le non-dit, se construisant sur une dramaturgie « sans transition » et par là, au grès des hasards de la conversation. On verra alors que ces échanges de paroles qui construisent la conversation et l'action semblent au