My diaries
« Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines
Ami entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne... »
Tout le monde connaît « le Chant des partisans », devenu l'hymne de la Résistance au cours de la Seconde Guerre mondiale. Un chant comme un manifeste, fredonné à mi-voix ou clamé à pleins poumons dans une France à genoux. Un chant écrit dans la fièvre.
Depuis juin 40, Paris est occupée. On les a beaucoup vues, ces images d'une ville bardée de panneaux allemands, envahie de soldats, et parcourue par des hordes de bicyclettes, quelques rares voitures et des tanks. Selon l'historien Henri Amouroux, « au fil des mois, la vie quotidienne des Parisiens devient de plus en plus difficile car les restrictions sont de plus en plus nombreuses ». Certains adolescents résistent à leur manière, prenant le contre-pied de tout ce qui est interdit : les zazous. « C'est un mouvement plutôt spontané, qui se fédère dans quelques cafés du quartier Latin ou des Champs-Elysées, explique le journaliste Jean-Claude Loiseau. Très vite, dans la presse collabo, les zazous deviennent l'incarnation du mal. »
« Les Français ont mis quand même pas mal de temps à se réveiller avant de réaliser qu'on pouvait faire autre chose que de rester inactif et de subir, note pour sa part Pierre Lefranc, fondateur de l'Institut Charles-de-Gaulle. Les mouvements de Résistance se sont tissés de personne à personne, c'était le seul moyen : on ne pouvait pas mettre une annonce dans les journaux ! Tout ça était fait dans l'improvisation, et les règles de sécurité n'étaient pas vraiment observées. »
C'est face à un pays déchiré, donc, que Maurice Druon et Joseph Kessel s'attellent à l'écriture d'un chant patriotique, sur une musique d'Anna Marly. « On s'était interrogés, se souvient Maurice Druon. Qu'y avait-il eu, en France, comme chants de résistance, comme chants de clandestins ? Les Chouans ! » En 1793, le chant