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Dr. Djibril DIOP
Chercheur associé au CÉRIUM - Université de Montréal (Québec) djibril.diop@umontreal.ca « On a trop dansé en Afrique, on a trop chanté et on a trop rigolé ...Pour cette commémoration il n’y aura ni défilé militaire pompeux, ni danses endiablées, mais un colloque. Un colloque auquel j’inviterais les représentants de tous les pays africains qui ont acquis leur indépendance en 1960 afin que l’on réfléchisse sur ce demi-siècle passé et les cinquante ans à venir », le Président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, le 31 janvier 2010.
INTRODUCTION En cette année de célébration des 50 ans d’indépendance pour nombre de pays africains1, au‐ delà de l’enthousiasme, c’est aussi le temps du bilan, surtout de l’introspection de ce qui est advenu de cette accession à la souveraineté internationale. Le premier constat que l’on observe est que, malgré ses multiples richesses, l’Afrique reste à la traine du développement. Aussi, si l’on peut déceler dans ses rapports déséquilibrés avec le reste du monde, notamment l’Occident, les dirigeants qui se sont succédés dans les différents pays du continent depuis les années 1960, à quelques exceptions près, ont plutôt manifesté une seule volonté, se maintenir au pouvoir contre vent et marrée dans une ambiance très souvent teintée de mauvaise gouvernance, de népotisme, de corruption, de manipulation des institutions et des règles démocratiques les plus élémentaires, qui ont permis certains d’entre eux, d’accéder au pourvoir. Parallèlement, les défis socioéconomiques se posent avec acuité et ne cessent de se complexifier chaque jour avec l’augmentation rapide de la population, notamment dans les centres urbains2 : plus de 2/3 de la population urbaine vivent dans un habitat précaire (72 %) sans services