Médée acte 1 scène 4 de corneille
Pour sa première apparition dans l’acte d’exposition de la pièce éponyme, première tragédie de Corneille en 1635, Médée épouse délaissée, barbare en Terre Grecque, étale sa douleur et sa fureur dans un long monologue. Elle exprime son désir de vengeance et de faire souffrir Créon, Créuse et Jason : après avoir invoqué les dieux du mariage et les divinités infernales, elle interpelle Jason absent en étant maîtresse d’elle-même. Comment cette dernière partie du monologue rend-t-elle compte de la fureur de Médée ? Dans un premier temps nous étudierons la violence de cette épouse délaissée puis la péroraison de ce monologue.
I-Violence de l’épouse
1) Le jeu des pronoms Nous pouvons observer le jeu des pronoms qui symbolise le divorce, puis les échos entre Médée meurtrière par amour et meurtrière par haine et la démesure de cette violence. Médée s’adresse directement à Jason, elle l’apostrophe v.241 « tu t’abuses » voulant dire tu te trompes, tu te laisses égarer. C’est un tutoiement accusateur et rappelle la force de Médée dans le deuxième hémistiche « je » qui a pour attribut « moi-même ». Médée existe en tant que femme amoureuse et trahit, mais aussi en magicienne, c’est-à-dire elle-même. Le chiasme vers 245-247 et à double niveau : « mon » et « ton » s’opposent, il s’agit de « notre mariage » et de « notre union » mais aussi de « mon divorce » et de « ton changement ». Ce chiasme montre que ce qui est essentielle à Médée est entrain de se briser, ce que détruit Jason est marqué par l’alternance qui se prolonge dans la haine. Médée est totalement basculé, avec une rime interne entre aime et « haine » vers 243.
2) Correspondance violence par amour et violence par haine
On note aussi une allitération en f marquant l’annonce des feux dévastateurs qui vont s’abattre sur Corinthe vers 242 à 244. Médée établit une correspondance entre sa violence par amour et sa violence par haine. On est ici