Mémoire de singe et paroles d’homme, (1983)
Il suffit de voir ce que donnent les enfants sauvages. Leur équipement génétique semble intact et pourtant, ils marchent à quatre pattes, ils sont déformés et ne savent ni parler, ni communiquer, ni même regarder les autres.
Lévi-Strauss(1) pense que les enfants sauvages illustrent ce que donnerait la nature humaine s’il n’y avait pas de culture.
Pour un éthologue(2), c’est mal poser le problème que de le poser en termes de disjonction entre la nature et la culture. L’un sans l’autre ne peuvent fonctionner.
L’enfant-loup ne représente pas ce que donnerait la nature avant la culture, puisque sa nature ne peut ni se développer ni s’exprimer s’il n’y a pas de culture. L’enfant sauvage n’est pas un enfant de la nature, puisque par nature, l’homme ne peut fonctionner que dans une culture. Cet être vivant possède, par nature, le cerveau le plus apte à créer la culture qui façonnera ce cerveau.
Ce n’est pas l’homme qui existe, c’est l’humanité.
Boris CYRULNIK, Mémoire de singe et paroles d’homme, (1983)
(1) Anthropologue français (1908-2009)
(2) Éthologue: spécialiste qui étudie le comportement des animaux dans leur milieu