Le propos. Jean-Claude Castelbajac voit en lui le Talleyrand de la mode. Le plus souvent homme de l'ombre, celui qui aide les créateurs à « accoucher » de leur identité, mais aussi acteur comme lorsqu'il fut le bras droit de Christian Lacroix de 1987 à 1999. Publiés à compte d'auteur, les Mémoires de Jean-Jacques Picart, ressemblent à un « scrap book », avec en marge des interviews et photos, les ajouts et commentaires de « JJP » et sa grande écriture nette. A lire dans l'ordre ou le désordre au gré de la galerie de portraits : Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier ou Guy Paulin (emporté par le sida en 1990) et ceux de la jeune génération, Christophe Lemaire, qui officie chez Hermès après avoir dépoussiéré Lacoste, ou Guillaume Henry, qui a ressuscité Carven. Défilent aussi les amies, journalistes, grands témoins connus ou oubliés qui font et défont les réputations, Catherine Rousso, Claude Brouet, Malka Tréanton et les redoutées Suzy Menkes du « Herald Tribune », Anna Wintour de « Vogue America ». Et aussi Mme Janine, première d'atelier chez Lacroix, ou Pascale Mussard, la créatrice de Petit h, rencontrée chez Hermès.
L'intérêt. L'ouvrage raconte ce que furent les trente dernières années de la mode française avec ses bouleversements, la surexposition médiatique des créateurs, l'arrivée des financiers dans le métier et la constitution d'une vraie industrie du luxe. Il parle aussi de l'échec de Christian Lacroix dans le prêt-à-porter. L'une des raisons étant sans doute qu'il ne vit pas combien les créateurs japonais et belges allaient impulser un style et une manière de faire radicalement autres. Mentionnons le mea culpa rétrospectif de Pierre-Yves Roussel, patron des activités mode de LVMH (propriétaire des « Echos »), sur la façon dont les managers ont plus ou moins bien su développer les marques qui leur étaient confiées.
Les auteurs. Jean-Jacques Picart est aujourd'hui d'hui conseil de Bernard Arnault comme il l'avait été dans les années 1980 de Jean-Louis Dumas