Mémoire d'épistémologie en m1 sur la notion de genre disqualifiée
INTRODUCTION
Dans l’histoire des sciences, la différence sexuelle a été envisagée comme la plus générale que toutes celles qui existent entre les corps. Reléguant les caractéristiques ethniques au rang de particularités secondes, la différence sexuelle est supposée être universelle et s’appliquer à toute l’humanité. L’étymologie du mot « sexe » vient d’ailleurs accréditer l’idée d’une partition dichotomique de l’humanité. Dérivant de la racine latine « sec » qui donne « seco » , « couper », « séparer », « diviser », le clivage sexuel est le fondement de la notion de « genre ». En effet, de la division bi-catégorique de l’espèce humaine en deux sexes aux propriétés différentes est né le « genre », c’est-à-dire le fait qu’il existe un concept de « masculin » et de « féminin ». A l’alternative sexuelle s’est donc jointe l’alternative masculin/féminin et c’est sous l’empire du sexe biologique que les sciences ont d’abord cherché à appréhender le concept de « genre ». L’objet de ce mémoire sera de montrer l’évolution de la notion, comment progressivement on s’est décentralisé du sexe biologique pour comprendre et expliquer le genre, jusqu’à envisager ce concept complètement indépendant du sexe biologique, dans la période contemporaine. Témoin des différentes approches scientifiques et intellectuelles, le genre a été l’objet et le fondement de plusieurs disqualifications et réhabilitations en épistémologie que nous nous efforcerons de mettre en exergue. Quel fut donc le traitement du concept de « genre » dans l’histoire des sciences et existe-t-il un éternel masculin aux côtés d’un éternel féminin ? Adoptant une démarche chronologique au cours de laquelle nous nous efforcerons de rendre compte des pratiques de déligitimation du genre, nous verrons tout d’abord comment le concept a longtemps fusionné avec le sexe biologique, faisant la science envisager la notion sous