1914-1918 et 1939-1945 : les mémoires comparées des deux guerres mondiales en France

Ces points communs ont été ressentis, surtout à la fin des deux guerres mondiales, aux dates terminales qui sont ensuite devenues des dates de commémoration officielles : le 11 novembre 1918, et le 8 mai 1945. Ces deux dates ont marqué et ensuite commémoré la fin victorieuse de la guerre (par un armistice en 1918, par une capitulation sans condition en 1945), ce qui permettait de cumuler et de confondre la joie du retour à la paix et celle de la victoire sur un ennemi détesté, donc de réaliser le rassemblement le plus large possible des pacifistes et des patriotes.

D’autre part, le rapprochement entre ces deux dates se justifie par le fait qu’en 1945 et après, les Français ont eu le sentiment que l’histoire s’était répétée, et donc non seulement dans les deux cas la joie d’être du côté des vainqueurs, mais aussi (au moins la deuxième fois) la crainte que les erreurs du passé se répètent, et que donc la paix victorieuse ne soit pas définitive. Remarquons d’ailleurs que le 8 mai 1945 n’était pas la fin de toute la Deuxième guerre mondiale, mais la fin de l’une de deux guerres jumelles, (celle dont l’Allemagne nazie était le centre, mais le Japon continuait à se battre pour une durée encore imprévisible).

Cette communauté de sentiments a également produit les mêmes conséquences : l’organisation par l’Etat ou avec son aide d’activités commémoratives et aussi historiques (dans la mesure où l’Etat estimait n’avoir rien à craindre de l’activité des historiens qui étaient en même temps des patriotes) : création d’un Comité d’histoire de la Grande guerre, puis d’histoire de la Deuxième guerre mondiale, dotés de revues et de musées d’histoire de la guerre, dirigés dans le premier cas par Pierre Renouvin (ancien combattant mutilé de guerre), et dans le deuxième par l’ancien résistant Henri Michel.

Mais au delà de ces quelques points communs, les différences sont très nombreuses,