Méthodologie en analyse littéraire
ET SI ON ADOPTAIT LE CESSEZ-LE-FEU DES TRESSEURS DE CORDE DE JEAN PLIYA !
Okri Pascal TOSSOU
Ethiopiques n°82.
Littérature, philosophie, art et pluralisme
1er semestre 2009
Auteur : Okri Pascal TOSSOU [1]
Le Rwanda a commémoré il y a seulement quelques jours le 15e « anniversaire » de la tragédie qui l’a décimé [2]. Le pays ne compte pourtant que deux ethnies majoritaires : Hutu et Tutsi. L’humanité entière dit aujourd’hui déplorer cette saignée, sur fond de slogan : « Plus jamais ça ». Une saignée qu’auraient sans doute aidé à entretenir népotisme, exclusion et apartheid social de toutes sortes. C’est pour prévenir des tragédies du genre que, dès les années 1970, le roman négro-africain d’expression française a amorcé la tendance du désenchantement, c’est-à-dire celle de la dénonciation des pouvoirs dictatoriaux sous toutes les formes, de la mise en évidence des travers qui compromettent l’édification de sociétés africaines prospères. Pour exemples, on peut citer Le Cercle des tropiques d’Alioum Fantouré où l’espoir du peuple, incarné par une poignée de jeunes gens braves, est « assassiné » par le pouvoir féroce « messikoïque » [3], ou La vie et demie de Sony Labou Tansi, qui reflète les exactions du dirigeant africain Martillimi Lopez, « père de la nation ».
Il est vrai, Les Tresseurs de corde de l’écrivain béninois Jean Pliya participe de cette représentation. Mais ce qui nous y intéresse dans le cadre de cette étude, c’est le discours d’un « vivre ensemble harmonieux » qui tapisse le roman. Cependant, avant de mettre en relief le déploiement de l’idée du pluralisme dans ce roman, nous étudierons d’abord les fondements de l’échec du modèle de gestion politique au Bokéli, avec comme pilotis méthodologiques la sociocritique et l’analyse du discours afin de mieux percevoir les stratégies argumentatives qui se prêtent à la démonstration.
1. DE L’ECHEC D’UN MODELE DE GESTION POLITIQUE
« Trabi et ses amis ambitionnent de bâtir une