Naissance de l'ordre des chevaliers tetoniques
Les Etats latins nés en Terre Sainte
après le succès de la première croisade ont durement ressenti le contrecoup de la défaite de Hattin (1187) infligée aux
Francs (c’est le terme générique utilisé pour désigner les Européens de Terre
Sainte) par Saladin. La perte de Jérusalem et d’une cinquantaine de villes et forteresses semble sonner le glas de la présence franque. Ce qui provoque un sursaut en Europe : une nouvelle croisade — la troisième — rassemble de forts contingents sous la conduite des trois plus grands souverains d’Occident,
Philippe-Auguste, Richard
Coeur de Lion et Frédéric Barberousse.
Ce dernier conduit les Allemands, nombreux à prendre la croix.
La mort accidentelle, en route, de Barberousse incite certains à rebrousser chemin mais son fils Frédéric, duc de Souabe, conduit les autres jusqu’au
Levant. Là, les croisés déjà arrivés ont mis le siège devant Acre, position portuaire clé qu’il faut reconquérir sur les musulmans si on veut pouvoir reprendre le contrôle du littoral.
C’est devant Acre que fut fondé le premier établissement, modeste, de ce qui allait devenir l’une des plus puissantes institutions de la chrétienté.
Selon la Narratio de primordiis ordinis
Theutonici (« Récit des commencements de l’ordre Allemand »), rédigée dans la première moitié du
XIIIe siècle, « à l’époque où Acre était assiégée par l’armée des chrétiens et où elle fut libérée des mains des infidèles grâce à l’aide de Dieu, des hommes des cités de Brême et de Lübeck, conduits par le zèle de Dieu à accomplir des oeuvres de miséricorde, fondèrent pour cette armée heureusement nommée un hôpital, à partir d’une voile d’un de ces navires que l’on appelle “cogge”, derrière le cimetière Saint-Nicolas ». C’est donc une infirmerie de campagne, sous la tente, que prend sous sa protec- tion Frédéric de Souabe, qui charge son chapelain de gérer la petite communauté de volontaires