nat-ure
1Dans un article récent et captivant, Laurence Kaufmann et Laurent Cordonier exposent un programme de recherche qui est aussi un pari (Kaufmann & Cordonier, 2011). Selon eux, les hypothèses qui guident les recherches en sciences sociales peuvent être retravaillées pour les rendre compatibles avec quelques hypothèses de base de la biologie et des sciences cognitives. Comme d’autres naturalismes, le naturalisme social tente d’acclimater des idées difficilement acceptées hors de ces disciplines – la pensée est un processus causal, où le cerveau humain joue un rôle moteur ; la nature humaine n’est pas qu’une construction sociale ; notre évolution a légué aux humains d’aujourd’hui un héritage qui permet et contraint nos comportements sociaux. Comme d’autres naturalismes, il doit faire face à de nombreux critiques, pour qui l’harmonisation des sciences sociales et des autres sciences autour de ces idées est impossible, ou bien déjà faite, ou bien ne présente aucun intérêt.
2Contrairement à d’autres naturalismes, celui de Laurence Kaufmann et Laurent Cordonier reprend également un certain nombre de thèses classiques en sociologie: la thèse durkheimienne selon laquelle le social est une force autonome qui détermine les individus de l’extérieur, mais aussi celle de Gabriel Tarde, qui faisait de l’imitation des individus par les individus et des dynamiques grégaires qu’elle entraîne, le ciment de la société.
1 J’ai