Nathalie sarraute, enfance, intro page 172-175
« Je ne me rappelle plus […] le bon choix. »
Nathalie Sarraute a dit dans une interview « Avec enfance, j’ai voulu tirer les images d’une sorte de ouate où elles étaient enfouies ». Le terme « enfouir » est très souvent lié aux souvenirs dans enfance, œuvre du vingtième siècle écrite par cette romancière du « nouveau roman ». Cette autobiographie d’un nouveau genre est constituée de soixante-dix fragments entrecoupés qui correspondent aux réminiscences de l’enfance. Ces souvenirs ressurgissent tout au long du livre, on a l’impression que le passé remonte à la surface. Cette revivification est renforcée par la double voix. Nathalie Sarraute ne parle pas de souvenirs mais de tropismes, elle écrit même dans la préface de l’ère du soupçon « certaines actions intérieures sur lesquelles mon attention s’était fixé depuis longtemps. En fait me semble t-il depuis mon enfance. » Tropismes et enfance sont pour elle deux termes indissociables. Ainsi elle veut extérioriser ces souvenirs comprimés depuis l’enfance par cette autobiographie originale. Chaque unité du roman semble dévoiler une relation particulière de l’enfant avec ce qui l’entoure. Notre extrait se situe de la page 172 à 175 et correspond au quarante-septième fragment. Il se situe au milieu d’un ensemble de fragments qui a pour sujet l’école. Il met en scène trois formes de relations liées à l’enfant. Cet extrait est fondamental en ce qui concerne la relation de la petite fille avec son père et sa mère mais aussi sa relation avec l’école. Les relations vont toutes se renforcer positivement ou négativement à cet endroit du texte. Ce passage qui est donc très riche montre aussi de manière poétique la force du souvenir enfoui qui ressurgit. On pourrait résumer ce texte par le déictique « ici », en effet l’enfant fait le choix de rester dans le monde clos du père où la petite fille se trouve déjà depuis que sa mère l’a en quelque sorte abandonnée. Ainsi la