Nationalisme conservateur
Les révolutions de 1848-49 marquent l’échec du nationalisme progressiste de la bourgeoisie libérale à « talents » (enseignants, juristes, journalistes, médecins) à remodeler la carte européenne en soulevant le peuple selon des principes d’émancipation des nationalités à l’égard des empires multinationaux et réactionnaires et au nom de la démocratisation participative d’un suffrage élargi, sinon universel. La radicalisation révolutionnaire dans le sens du socialisme ouvriériste bientôt récupéré par le marxisme naissant, ainsi que les affrontements entre nationalismes se réclamant pourtant des mêmes principes ont dissuadé la bourgeoisie libérale et encore plus la bourgeoisie d’affaires à continuer sur cette voie. Pourtant, le retour au statu quo ante, déjà impossible en 1814, était totalement exclu en 1850, car l’échec des révolutions libérales et nationales ne signifiait toujours pas la fin des dynamiques socioéconomiques et idéologiques qui les portaient. Ainsi, une génération nouvelle de personnel politique cherchait à combiner la conservation de la hiérarchie sociale et du système politique monarchique dévalués par les révolutions de 1848, le dynamisme de la bourgeoisie d’affaires – qui désirait l’unification nationale en grands ensembles en vue de l’élargissement des marchés de l’emploi et de la commercialisation des productions industrielles standardisées – et le sentiment national éveillé par le « printemps des peuples » et popularisé par l’alphabétisation et la socialisation civico-politique de l’école et de la caserne et concrétisée sur le champ de bataille. Quelles étaient donc les chances et les moyens de ces « Realpolitikers » de mobiliser leurs opinions nationales en vue de se tourner contre les Empires réactionnaires et d’imposer un changement des équilibres géopolitiques sur le continent sans que l’arbitre britannique réagît ou que la dynamique populaire se transformât en