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Conflit et urbanité
La morphologie de l'habitat comme ressource sociale
Comme sociologue, nous allons essayer de comparer des situations urbaines concrètes en vue de dégager des lignes de tendances. A partir de là, des discontinuités ressortiront autant que des continuités. Ces comparaisons se feront autour du lien existant entre ville et conflit. Le conflit suppose des intérêts divergents, voire des incompatibilités.
L
Conférence prononcée au colloque de l'ARAU, «Penser la ville », en octobre 1989
Jean Rémy Faculté des sciences économiques et sociales. Université catholique de Louvain-la-Neuve
e partage d'un territoire urbain exige que l'on trouve des compromis de co existence qui n'empêchent pas de faire des différences et des tensions, une res source où la ville devient un lieu de débat et de lutte autour d'enjeux communs. Cela n'aboutit pas nécessairement à créer une in tégration homogénéisante comme pourrait le rêver une politique étatique. Au contraire, l'urbanité, comme mode de sociabilité sup pose un complexe de distance-proximité. La cité comme une entité solidaire n'est ni une communauté ni une organisation, pour reprendre la typologie proposée par Tonnies. A partir de là, on peut se demander si la ville est «une essence» et si elle a des caractéristiques intemporelles ou si elle se présente comme une exigence de compo sition, d'interférences, dont les formes et les modulations concrètes ont évolué d'après les outils dont on dispose et les projets de société. Partant de la ville comme lieu de coexis tence conflictuelle et de promotion des dif férences, interrogeons-nous sur la significa tion des morphologies de l'habitat. La ville traditionnelle est fréquemment associée à une rupture avec l'extérieur, marquée par le rempart, l'acte symbolique de la fondation de Rome où Romulus et Remus tracent le sillon séparant l'intérieur et l'extérieur. Ce rempart n'est pas simplement une défense militaire, une manière de prélever les