Nelligan
Au tournant du XXe siècle, le poète, Emile Nelligan, membre de l’école littéraire de Montréal, renouvelle par sa sensibilité, sa thématique, et sa recherche, l’univers poétique, en s’éloignant radicalement de l’esprit du terroir alors très à la mode dans la belle province.
L’œuvre d’Emile Nelligan est avant tout celle d’un adolescent sensible et en quête de construire un univers. Pourtant au-delà de cette exigence intime du poète, existe l’affirmation d’une œuvre qui assume, parmi d’autres thématiques, la mélancolie, et la souffrance comme chemin d’une poésie nouvelle.
En effet, s’inspirant de la poésie française de l’époque, dont celle de Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud, le poète s’approprie, ce motif littéraire majeur, marqué par la rêverie et la tristesse. Ces textes ne font que porter la trace de la mélancolie, une mélancolie qui engendre l’ennui de vivre et finit en névrose. La mélancolie, un terme qui n’est pas fréquemment utilisé par la médecine, relève plus souvent du langage littéraire et renvoie à la tristesse des poètes. Et selon Freud :
« La mélancolie se caractérise du point de vue psychique par une dépression profondément douloureuse, une suspension de l’intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d’aimer, l’inhibition de toute activité et la diminution du sentiment d’estime de soi qui se manifeste en des auto-reproches et des auto-injures et va jusqu’à l’attente délirante du châtiment. »
Ainsi, la cause de Nelligan dans Soir d’hiverc’est d’exprimer dans un élan romantique, la mélancolie et l’ennui profond qui le gagne, autrement dit, d’exprimer le moi souffrant qui voit disparaître les bonnes choses.
Le discours de Nelligan est un poème qui puise ses ressources dans un réservoir d’images pour la plupart héritées de la poésie française. De ce fait, son Je poétique est en identification ave ce qu’il a pu assimiler dans les démarches romantiques et symbolistes. Nous pouvons ainsi définir la poésie selon Friedrich