Nicolas machiavel
I.- INTRODUCTION. Le nom de Machiavel évoque sans doute pour vous un Italien de la Renaissance, un homme astucieux, combinard, et sans moralité. Vous pensez qu’il a sans doute raté sa vie, et qu’il a écrit un livre machiavélique, Le Prince, à l’intention d’un Médicis, pour essayer de rentrer en grâces et d’avoir un emploi. Le mot machiavélique vous fait penser à des combinaisons intelligentes, toujours orientées vers le mal, tortueuses et compliquées, assorties de dissimulation, de mensonges et de diverses tromperies. Mon intention et d’abord de préciser un peu vos connaissances sur l’homme Machiavel. J’espère même vous le rendre sympathique, car il l’était. Il fait partie des hommes du passé que j’aurais bien aimé rencontrer. Quant au machiavélisme, il pose le problème de la morale en politique, et je n’ai pas la prétention de traiter ce problème. J’essaierai cependant de percevoir avec vous les traits principaux de la philosophie politique de Machiavel, à travers sa vie et ses œuvres écrites, en gardant à l’esprit que l’homme était compliqué, que ses œuvres le sont aussi, et qu’il convient dans tout cela de garder une extrême modestie. Ne soyons jamais certains d’avoir tout compris et d’avoir bien compris Machiavel ! Je cite Raymond Aron, dans sa préface à la dernière édition du Prince : « Le Prince a gardé son pouvoir de fascination. Je le sais, mais je ne suis pas sûr de savoir pourquoi(…) Machiavel a eu le courage d’aller au bout d’une logique de l’action contre laquelle le lecteur cherche refuge dans des interrogations sans réponse. » Si Raymond Aron se sent incertain, comment pourrais-je être sûr de moi ? Mon plan sera le suivant : Après cette introduction, je présenterai la situation géopolitique de l’Europe du Sud en