Nicolas vauquelin des yveteaux , sonnet 9
Il quitta la cour pour mener la vie d’un épicurien, se fit remarquer par des aventures scandaleuses et de bizarres extravagances, passant des journées entières dans son jardin de la rue du Colombier, vêtu en berger de l’Arcadie, la houlette à la main et soupirant des vers aux pieds de sa belle. Sainte-Beuve raconte ainsi la suite de sa vie : « Fatigué de la cour, et persuadé que la vie champêtre est la plus heureuse de toutes les vies, il se retira dans une maison du faubourg Saint-Germain », et là, dit la chronique, « prenant l’air d’un pastor fido avec sa dame, la houlette à la main, la panetière au côté, la chapeau de paille doublé de couleur de rose sur la tête, il conduisoit paisiblement le long des allées de son jardin ses troupeaux imaginaires, leur disoit des chansonnettes et les gardoit du loup.[1] » Tallemant des Réaux, qui a lui aussi décrit les costumes extravagants du poète, ajoute ceci : « À quatre-vingts ans il se portoit encore fort bien. Il m’a quelquefois lassé à force de me promener dans son jardin. C’étoit un petit homme sec, à yeux de cochon. Il a toujours eu l’esprit présent, et, à sa mode, il disoit de jolies choses.[2] »
Vauquelin Des Yveteaux a exprimé dans ses vers, avec une aimable nonchalance, son voluptueux égoïsme. Poète inférieur à son père, il acquit une réputation supérieure à son mérite par la singularité de sa vie, les situations qu’il occupa et ses relations avec la nouvelle école poétique de Desportes et de Malherbe. Ses vers