Sur le chemin du retour de la prison, le paysage nous semblait paisible. Pas une seule voiture, pas un seul animal, rien que le sifflement du vent et le bruit de nos pensés tourmentées. Finalement, nous avions tout de même raison de ne pas avoir passé la nuit chez notre amie, comme nous l’avaient proposé nos maris. Nous pensâmes à eux car ils ne méritaient pas d’aller en prison dans ces circonstances. A l’inverse, c’était plutôt nous, femmes de caractères et rebelles contre toute cette mise en place de ce régime autoritaire, qui devrait être à leur place. Malgré la distance, nous les soutenions moralement et avions pris la décision d’aller régulièrement les voir, Minerva qui était assise devant, juste à côté du chauffeur, semblait inquiète. Elle n’arrêtait pas de nous sourire de manière crispé, afin de nous rassurer, mais je savais qu’au fond d’elle se cachait une inquiétude profonde. Notre chauffeur, semblait avoir l’habitude de faire face à des situations de genre, car il pilotait la voiture avec assurance et dominait les embûches de la chaussé déformée. Cela faisait bientôt deux heures que nous roulions presque sans jamais proférer un mot. Ainsi l’atmosphère était lourde. Quand soudain, le bruit d’un crissement rageur de pneus nous alerta. C’était notre chauffeur qui venait de freiner brutalement vu qu’un énorme camion de la marque DAF, d’une couleur indéfinissable, car jadis rouge aujourd’hui plus rouillé que rouge. Et ce monstre pachydermique peinait sous le poids de sa charge, le long de cette route tortueuse. Aussitôt, Minerva se laissa submerger par son caractère guerrier et impatient. Elle somma le chauffeur d’effectuer un dépassement immédiatement. Il le fit tel un virtuose des pistes automobiles. Mais nous nous retrouvâmes malencontreusement bloqués derrière une Haustine bleue. Et Minerva, s’écria c’est une embuscade les filles. Nous vîmes sidérée la voiture bleue s’immobiliser de travers sur toute la largeur de la chaussé tandis que le mastodonte