Nietzsche, le gai savoir, introduction commentaire de texte
De là s'ensuit un paradoxe que Nietzsche prend un malin plaisir à révéler dans toute sa crudité : nous nommons « bons » le désintéressement et l'altruisme… par égoïsme et par intérêt. Une « bonne » action n'est jamais bonne, précisément, pour celui qui la fait, puisque pour être bonne, elle doit servir les intérêts des autres et non les siens – de ce point de vue, un égoïste, c'est seulement un homme qui ne pense pas assez à moi. Ainsi donc, on oppose les vertus et les vices, en oubliant qu'ils sont aussi intéressés les uns que les autres : l'homme « vertueux », c'est seulement celui qui fait passer les intérêts de la société avant les siens. Par conséquent, ce que cette opposition naïve tend à oublier, c'est que tous nos comportements, qu'ils soient « bons » ou « mauvais », ont une origine commune : les instincts, qui sont autant de tendances luttant chacune pour la domination. Un homme « moral », c'est donc simplement un homme chez qui un instinct en particulier a