Norme compable
ANNE DE GUIGNÉ | JDF HEBDO | 21.03.2008 | Mise à jour : 14H30
Entre les commentaires de l'été dernier sur les dysfonctionnements du système de la fair value et la franche déclaration d'hostilité du P-DG d'AIG, les établissements financiers ont déprécié des dizaines de milliards de dollars. Plus les pertes s'accumulent, moins les patrons banquiers et assureurs cachent leur aversion au système comptable international mis en place début 2005. Lors de la présentation des résultats de son groupe, Axel Miller, président de Dexia, les a jugés « inadaptés » à la réalité économique. Quelques jours plus tard, le président du directoire d'Axa, Henri de Castries, les accusait d'aggraver la crise. Ces attaques bien orchestrées pourraient illustrer à merveille la théorie du bouc émissaire. Elles expriment surtout les faiblesses du nouveau système mondial, qui favorise la volatilité et ne permet pas aux investisseurs de se projeter dans le long terme.
Martin Sullivan, patron d'American International Group (AIG), a poussé loin la critique en proposant l'abolition du principe de la « juste valeur ». Cette règle prévoit que chaque actif possédé par une entreprise soit inscrit à son bilan à sa valeur du jour, de revente ou de remplacement. Pour le P-DG du plus grand assureur mondial, cette norme ne permet pas de mesurer la performance d'une société financière. Elle reflète trimestre après trimestre la volatilité des produits financiers. Or un établissement qui ne souhaite pas vendre ses actifs n'est économiquement pas touché par la volatilité. Le système actuel nourrit ainsi la crise de confiance des investisseurs en aggravant la confusion des marchés. Martin Sullivan suggère donc d'en changer. Les autorités de régulation américaines se sont vu remettre un dossier la semaine dernière qui détaille les fondements d'un nouveau système comptable. L'idée principale du financier est de comptabiliser dans les comptes de résultat