Notre vie, paul eluard
Notre vie est tiré du recueil « Le temps déborde » de Paul Eluard publié en 1947, quelques mois après le décès soudain de sa femme Nusch. En dédiant ce poème à sa défunte compagne, il fait savoir que le mort de sa bien-aimée représente aussi la sienne. Nous montrerons dans un premier temps que ce poème est basé sur la rupture, deux idées antinomiques s’y côtoient : la vie et la mort, puis nous verrons comment l’expression de la souffrance, d’une mort vécue est assimilée par le poète et quelle est sa réaction face à celle-ci.
Le premier alexandrin peut illustrer ce poème, car il est comme coupé en deux : « notre vie tu l’as faite » et « elle est ensevelie ». L’opposition entre vie et mort se poursuit, on note à chaque vers des mots contraires, ou du moins contradictoire, antithétique « aurore » synonyme de renaissance, de recommencement et puis « refermé ».
La deuxième strophe offre deux premiers vers sur la vie mais le poème bascule au v.8, au milieu du poème, avec la conjonction de coordination « mais » qui introduit l’objection pour poursuivre avec deux alexandrins sur la mort. Cette rupture est aussi introduite par l’utilisation du passé « disais-tu », « ce que nous aimions », « elle est ensevelie » pour tout ce qui concerne ou qui concernait, la vie du poète avec sa bien aimée et l’utilisation du présent pour décrire sa vie actuelle (sans son épouse) « la mort entre en moi », « la mort boit et mange », comme si la mort faisait partie de lui, comme si elle était présente en permanence, on a presque l’impression qu’elle l’a envahit. On a réellement un sentiment d’enfoncement, d’une atmosphère lourde quand il parle du trépas « refermé son poing », « ensevelie », « masque d’aveugle », alors qu’en parlant de sa vie passé tout est plus frais, gai, limpide « aurore », « toujours plus claires », « contente » -comme quand il transforme par paronomase « notre vie » en « morte visible ». La mort de sa femme a complètement