Nourrir la pratique soignante
Je suis d’accord sur le fait que la planification journalière (toilette, heure d’examen, pansement, heure des repas…) bouscule le patient dans ses habitudes de vie et que le jargon utilisé puisse le mettre dans la confusion. Cependant, l’infirmière se doit de lui décrire le déroulement de sa journée, pour qu’il puisse avoir des repères. Il peut y avoir des imprévus auxquels une explication sera apportée. Ces précisions permettent de l’impliquer dans sa prise en charge,le rendre acteur, le rassurer, le respecter dans sa dignité ,d‘établir une relation de confiance.
Je suis heurtée par les propos amers de l’écrivain Georges Perros : « …ce qu’on est, ce qu’on a été, sera- espérons!tout le monde s’en fou. Le corps, il n’y a que le corps… » Comment peut-il percevoir notre intérêt du patient de ce point de vue ? Je suis offusquée par ses éloquences qui me poussent à penser qu’il y a eu une erreur sur sa prise en charge. J’ai travaillé durant neuf ans en gériatrie de nuit, j’ai pu partager des angoisses, des rires au travers de discussions, des liens se sont créés au fil du temps, j’ai établi une relation de confiance avec les patients. Alors non ,je ne me projette pas et ne veux surtout pas me projeter dans ses propos!cette expérience m’a aussi confronté à la mort. Tenir la main d’un patient, l’accompagner vers une mort sereine, pas évident à ce moment là, de ne pas se laisser envahir par ses émotions et ses sentiments. Bien sure, la première fois je me suis effondrée dans l’infirmerie, après le décès du patient et encore maintenant lorsque je suis confrontée à la mort, je ne suis pas indifférente. L’esprit d’équipe a joué un rôle important. Pouvoir extérioriser mes émotions, me sentir réconforter, être entendu mais écouter aussi leur vécu face à la mort. Ceci joint à l’expérience m’a