Nourrir les hommes : conférence ; résumé
Conférence de Jean-Paul CHARVET au CRDP de Nantes le 13 mars 2002
1 - Poser le problème à la bonne échelle : celle de la Terre
Les problèmes et les analyses ne sont pas les mêmes selon les échelles. Par exemple, en France, les agriculteurs ne représentent plus que 3,5% de la population active contre 46% en moyenne mondiale (approximativement). Agriculteur est la profession la plus répandue dans le monde (une idée simple que beaucoup de nos élèves ignorent...) et le nombre d'agriculteurs augmente toujours dans beaucoup de pays. A l'échelle du monde, on peut estimer le nombre à 900 millions en 1968, 1 milliard en 1978, 1,3 milliard en 1998.
Dans les pays développés la superficie consacrée aux terres cultivées recule. Mais elle continue d'augmenter à l'échelle mondiale, certes moins vite que le nombre d'agriculteurs d'où une diminution globale des superficies par exploitation (notamment en Chine et en Inde, pays qui abritent à eux seuls les 2/3 des agriculteurs de la planète).
A l'échelle mondiale, la question « nourrir les hommes » se pose à travers quelques ordres de grandeur. La superficie des continents se décompose actuellement en 6200 millions d'hectares d'espaces sans végétation, 4100 millions d'hectares d'espaces forestiers, 3100 millions d'hectares de prairies (naturelles) et 1500 millions d'hectares de terres arables (dont 275 millions avec irrigation : cela représente 18% de la surface mais 40% de la production agricole mondiale !).
Chaque année, la surface agricole gagne environ 15 millions d'hectares (essentiellement par défrichement de la forêt : Indonésie, Brésil, Afrique noire) et en perd de 12 à 14 millions mais pas forcément de façon définitive. Les pertes définitives (environ 8 millions) sont dues à la croissance des villes et des infrastructures de transport, à l'érosion et à la salinisation des sols.
Donc, à l'échelle mondiale, il faut augmenter les rendements