Nouvelle lyrique, anne-marie schwarzenbach
Anne-Marie Schwarzenbach publie son second ouvrage fictif, Nouvelle Lyrique, en 1933. La Nouvelle passe presque inaperçue : on lui reproche de faire preuve d’apolitisme, ce qui semble malvenu étant donné le contexte historique (Hitler devient chancelier et installe son régime cette année-là).
Nouvelle Lyrique raconte l’histoire d’un jeune bourgeois du Berlin des années trente, solitaire et malade, qui s’éprend d’amour pour une chanteuse de cabaret, Sibylle, avec qui il vivra l’expérience de l’errance nocturne. Cette relation avec la jeune femme, qui est le motif de l’écriture, est complexe et dévastatrice et se terminera d’ailleurs par un échec. Le narrateur fait plusieurs rencontres lors de son « voyage » : Erik et Willy, amis de Sibylle, Madame de Niehoff, une femme rencontrée lors d’un gala, mais aussi des rencontres de paysages et de ses propres émotions. Au travers de ces cheminements propres et figurés, le narrateur effectue un véritable voyage intérieur qu’il tente d’exprimer par l’écriture, qui constituera à la fois le support d’un carnet de voyage très visuel et d’une ode à sa passion pour Sibylle.
La nouvelle se situe entre le caractère personnel du journal intime et le projet de don et donc d’ouverture potentielle. Elle est fracturée en de brefs chapitres et il est très difficile d’en recomposer la trame narrative, puisque la fiction n’est pas le but premier de l’œuvre. En effet, elle n’est ici qu’un support afin qu’Anne-Marie Schwarzenbach construise son manifeste, qui est également fortement imprégné d’éléments autobiographiques, Anne-Marie Schwarzenbach s’exprimant « sous le masque d’un narrateur masculin », ce même narrateur n’ayant logiquement pas de prénom, pas d’identité, puisque ce n’est pas son entité qui importe mais bien ce que celle-ci symbolise.
Nous allons à présent voir de quelle manière la Nouvelle Lyrique se figure à travers la notion de l’ambiguïté, émise par la double