Nuit et brouillard
« À la veille du passage du film en commission de censure, Resnais est prié de supprimer un plan. [...] On lui promet, en échange, “de ne rien couper à la dernière bobine”, donc à l’ouverture du film sur le présent. Son refus de s’autocensurer bloque le film jusqu’au jour où Resnais consent à “mettre une poutre à la gouache sur le képi du gendarme” tout en maintenant la référence orale à Pithiviers dans le commentaire. [...] [Le film] mêle un certain soutien officiel et des marchandages de dernière minute, dont la note d’humour n’est pas exclue : le dos de la photo incriminée portait l’autorisation de la censure allemande. » (Joseph Daniel, Guerre et Cinéma, Armand Colin et Fondation nationale des sciences politiques, 1972.)
Une volonté d’amnésie, dix ans après la fin de la guerre, révélatrice du désir de refouler certaines taches de la police française sous l’Occupation, afin de ne pas troubler l’imagerie d’une France uniment résistante. Or l’incroyable est vrai : les copies en circulation de Nuit et Brouillard (dont celle qui est présentée sur France 3) perpétuent ce mensonge par omission.
À l’annonce du choix de Nuit et Brouillard pour représenter la France au festival de Cannes, l’ambassade d’Allemagne de l’Ouest fit une démarche, couronnée de succès, auprès du gouvernement de Guy Mollet pour faire retirer le film de la sélection officielle.
L’affaire Nuit et Brouillard venait de commencer. Outre les protestations nombreuses (y compris en Allemagne même, de