objet culte ou culte de l'objet
Mort programmée du livre, du disque, disparition de la bibliothèque ou encore de l’album photo…l’essor du numérique et la dématérialisation des contenus culturels charrient depuis longtemps leur lot de prophéties inévitables.
Si certains ont choisi de s’enfermer dans une posture de rejet total en faisant du non-numérique un étendard, à l’instar du fabricant de carnet de notes Le Papier fait de la résistance (qui se présente comme un « pied-de-nez à l’invasion digitale ambiante »), la crainte de voir le digital engloutir peu à peu nos supports « culturels » physiques engendre à rebours de nouvelles ruses par lesquels les industriels comme les utilisateurs tentent de réinjecter du sensible dans nos contenus, et s’efforcent de se doter de repères tangibles dans un océan infini de données.
Deux stratégies semblent se dessiner pour retrouver de la matérialité :
1/ L’ancrage nostalgique
Ou comment conjurer l’angoisse de la disparition par le clin d’œil, le gimmick purement formel, en créant une résonance avec des formes connues :
Témoin exemplaire (et déjà désuet) de cette mouvance, l’engouement prononcé des industriels pour le « skeuomorphisme » – terme canonisé par le géant Apple au milieu des années 2000 - : il désigne la manière dont les designers s’emploient à réinterpréter la forme et les interfaces de nos objets digitaux à l’aune d’objets plus ou moins ancrés dans notre culture populaire et notre imaginaire collectif. Ainsi des nombreuses icônes d’applications pour Smartphone imitant des textures familières telles que le cuir de l’agenda, le verre de l’objectif de l’appareil photo, ou encore les lignes du carnet de notes.
Dans le domaine culturel, on peut songer à différentes « greffes » de formes plus ornementales que pratiques, telles que les stations d’accueil pour iPad reproduisant bornes arcades factices et autres radiocassettes au look rétro, et visant à donner aux objets numériques