Oedipe, sophocle, pasolini, freud, Freud
» (p.48-49) Et pourtant, lorsqu’il connaît le vrai, enfin, il choisit l’aveuglement : « Ainsi ne verront-ils plus, dit-il, ni le mal que j’ai subi, ni celui que j’ai causé ; ainsi les ténèbres leur défendront-elles de voir désormais ceux que je n’eusse pas dû voir, et de manquer de reconnaître ceux que, malgré tout, j’eusse voulu connaître. » Ce n’est qu’au prix de la perte de sa vue que le vrai lui semble supportable. Il est intéressant de noter que la question est déjà posée dans la pièce, de savoir ce qui relève, dans son malheur, de la malédiction divine ou de sa propre faute : « parmi les malheurs, les plus affligeants ne sont-ils pas ceux justement qui sont nés d’un libre choix ? » « Apollon, mes amis ! oui, c’est Apollon qui m’inflige à cette heure ces atroces, ces atroces disgrâces qui sont mon lot, mon lot désormais. Mais aucune autre main n’a frappé que la mienne, …afficher plus de contenu…
C’est en changeant une scène-clé de l’intrique que Pasolini, qui considère qu’Œdipe est un mythe, donc hors du temps et de l’espace, appartenant aussi bien au XXème siècle qu’au temps de Sophocle, aussi bien au Maroc, qu’à Italie, qu’à la Grèce, change le sens de la quête d’identité d’Œdipe. Dans le film, Œdipe adulte est présenté comme un tricheur, d’emblée : il n’accepte pas le vainqueur que les dieux ont désigné et falsifie les résultats du jeu de lancer de disque, ancêtre de la discipline de nos jeux olympiques, héritiers de la Grèce antique. Et puis, une fois qu’il prend