Oliver twist
Charles Dickens, qui a toujours assuré ne pas être antisémite, a tenté, vingt ans après la parution de son roman (suite à une plainte), de supprimer les références qui présentaient Fagin comme « Juif ». Mais il était trop tard, l'œuvre ayant déjà connu le succès que l'on sait. Dans l'Angleterre puritaine du XIXe siècle, ce livre ne pouvait que susciter l'émoi au sein de la société, où la population d'origine juive était ostracisée.
Will Eisner, l'un des pères fondateurs du roman graphique en Amérique du Nord, revisite dans Fagin le juif (2004) l'Oliver Twist de Charles Dickens, s'attardant sur le personnage de Fagin. Selon Eisner, à travers l'Histoire, certains personnages de fiction ont acquis par leur popularité l'illusion de la réalité. En règle générale, ils ont pris valeur de stéréotypes durables qui ont influencé le regard de la société. Expliquant avoir toujours été gêné par ce personnage, notamment parce que juif lui-même, Eisner entreprend de raconter Oliver Twist du point de vue de Fagin, replongeant le lecteur dans le contexte de l'époque, expliquant de manière assez pédagogique ce qu'était la vie d'un Juif pauvre à Londres au xixe siècle et proposant de manière crédible et compatissante ce qu'avait pu être la jeunesse de Fagin et ce qui avait pu mener ce personnage complexe à la