Oncle victor hugo, oncle varovitch

17124 mots 69 pages
Anton Pavlovitch Tchekhov
ONCLE VANIA
Scènes de la vie à la campagne en quatre actes
PERSONNAGES
SÉRÉBRIAKOV ALEKSANDR VLADIMIROVITCH, professeur en retraite.
SÉRÉBRIAKOVA ELÈNA ANDRÉIEVNA, sa femme, vingt-sept ans. SOFIA ALEKSANDROVNA (Sonia), sa fille du premier lit.
VOÏNITSKAÏA MARIA VASSILIEVNA, veuve de conseiller privé, mère de la première femme du professeur.
VOÏNITSKI IVAN PÉTROVITCH (oncle Vania), son fils.
ASTROV MIKHAÏL LVOVITCH, médecin.
TÉLÉGUINE ILIA ILITCH, propriétaire ruiné.
MARINA,
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Il devient
Excellence, le gendre d’un sénateur, etc. Tout cela d’ailleurs est sans importance. Mais écoute bien ! Cet homme, depuis vingt-cinq ans, fait des cours et écrit sur l’art sans y rien comprendre. Depuis vingt-cinq ans, il remâche les idées des autres sur le réalisme, le naturalisme, et toute autre ineptie. Depuis vingt-cinq ans, il professe et écrit ce que les gens intelligentssavent, et ce qui n’intéresse pas les imbéciles ; c’est-à-dire que, depuis vingt-cinq ans, il transvase du vide. Et néanmoins quelle présomption ! Il a pris sa retraite, et pas une âme vivante ne le connaît. Il est totalement ignoré. Cela veut dire que, pendant vingt-cinq ans, il a occupé la place d’un autre. Et regarde le, il marche comme un demi-dieu
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– Mon petit ami, je serais heureux de tout coeur de le faire pour toi ; mais, comprends donc, on dort dans la maison !
ASTROV. – Joue !
Téléguine joue doucement.
ASTROV. – Il faudrait boire. Viens par là ; il me semble qu’il est resté du cognac. Et quand il fera clair, nous irons chez moi. Ça va ? J’ai un infirmier qui ne dit pas « ça va », mais « ça vâa ». Un coquin affreux. Alors ça vâa ? (Voyant Sonia qui entre.) Pardon, je n’ai pas de cravate.
Il sort rapidement. Téléguine le suit.SONIA. – Et toi, oncle Vania, tu as bu encore avec le docteur
? Ils sont devenus amis, les beaux faucons ! Mais l’autre est toujours en cet état, et toi, pourquoi fais-tu cela ? À ton âge cela ne va pas.
VOÏNITSKI. – Les années n’y sont pour rien… Quand on n’a pas une vraie vie, on vit de mirages. C’est mieux que

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