Ondine
Sa part d'absolu s'accomplit ainsi dans un chant d'amour passionné pour les hommes, dans l'admirable subterfuge par lequel elle a prévu de retrouver leur chemin lorsqu'elle sera sans mémoire. Cette émouvante promesse empêche la pièce de s'achever en vraie tragédie, mais, malgré l'éternité du souvenir d'Ondine, le mariage de l'humain et de la nature paraît impossible. L'humanité de Giraudoux semble vouée à ce déchirement irréconciliable entre les deux postulations. C'est au moment où Ondine et Hans se trouvent au même diapason qu'ils doivent se dire adieu. Cette vision reste donc tragique : comment éviter la misérable condition humaine sans tomber dans une funeste immatérialité ?
Le théâtre a permis à Giraudoux d'exprimer sa nostalgie d'un univers sans cassure : l'aventure d'un être non-humain parmi les hommes avait toutes chances en effet de prendre du relief dans une dramaturgie. Celle-ci reste essentiellement poétique : la féerie manifeste un rejet violent du réalisme tel qu'il sévissait