Organique
Le trajet vers Le Horla — La « folie » dans les contes « fantastiques » de Maupassant
Kazuhiko ADACHI
Maupassant, la folie, et le « fantastique » On sait bien que Maupassant a souffert du mal que cause peut-être une syphilis mal soignée et qui a influencé la formation chez lui d’un pessimisme profond. Il est indéniable que l’auteur du Horla a repris plusieurs fois la folie comme thème central de ses contes en s’appuyant, d’une part sur son propre intérêt et son expérience, d’autre part sur la connaissance contemporaine de la e psychopathologie qui connaît de grands progrès dans la seconde moitié du XIX siècle ; il faut néanmoins ajouter que certains chercheurs soulignent à juste titre la raison lucide de l’auteur écrivant ces contes concernant la folie, pour « en finir avec la légende d’un fou génial, décrivant la folie sous sa propre dictée, au fur et à mesure de sa progression . » La folie comme thème ou sujet dans le monde littéraire de Maupassant est certainement envisagée sous divers aspects : obsession, pulsion, inconscient, violence, perversion, angoisse, solitude etc . Mais en réduisant tout à l’univers maupassantien on risque de laisser échapper la signification et la diversité spécifiques à chaque texte, et encore d’ignorer sa valeur littéraire ; Maupassant n’a pas réécrit le même texte, tout en reprenant le même motif et le même thème, en l’occurrence la folie. Par ailleurs, Le Horla (1887) qu’on considère comme le chef-d’œuvre « fantastique » de Maupassant, est-il aussi un texte qui dépeint la folie et la perversion mentale comme on l’imagine, semble-t-il, un peu étourdiment ? Avant de répondre à cette question, il faudra mieux cerner les contours de la notion si floue de « fantastique » ; bornons-nous pourtant pour l’instant à confirmer la définition que l’auteur lui-même a donné de la littérature fantastique : [...] quand le doute eut pénétré enfin dans les esprits, l’art est devenu plus subtil. L’écrivain a cherché les nuances, a rôdé