Ornement et crime et autres textes - adolf loos
Ornement et crime et autres textes
Editions Payot collection – Rivages poche
Adolf Loos (1870-1933) est un architecte viennois. Il ne se rattache pas vraiment à un mouvement précis, mais se pose en précurseur de la pensée esthétique et philosophique d’Otto Wagner – tout en la nuançant – quand il prône une architecture possédant une esthétique formelle, sans aucuns artifices ou éléments superflus tels que des ornements « plaqués » en façade. En cela il s’oppose fermement aux nombreux mouvements modernes de l’époque, à savoir la Sécession viennoise, le Werkbund allemand, et en général les arts graphiques et arts appliqués.
Dans l’un des textes recueillis avec Ornement et crime, Loos, tout en critiquant la Vienne ancienne, ne ménage pas la Vienne nouvelle produite par les mouvements modernes autrichiens, qu’il qualifie de « cité Potemkine », c’est-à-dire une ville factice, où tout tient dans la façade et dans l’imitation du baroque-rococo et des palais du Quattrocento italien. Loos déplore la mauvaise utilisation du matériau et déclare que le rôle de l’artiste est d’inventer un nouveau langage formel pour chaque nouveau matériau (ici le béton). Il prône le retour du travail manuel à défaut du travail intellectuel, car selon lui l’architecte doit maîtriser au moins un des corps de métier représentés dans le bâtiment (ex. stuc, pierre, bois, charpente…) ; il pose l’architecte en sculpteur, qui travaillera davantage à la construction qu’à la décoration. Une des idées principales de Loos est que l’architecte doit rechercher le style de construction « spécifique de [son] temps » (p.42), car en effet selon lui c’est l’évolution constante de la culture qui est importante, et elle est même la raison de la disparition de l’ornementation (argument qu’il appuie par des exemples quelque peu stigmatisés tel que celui des Papous, peuple non-civilisé). Il veut une architecture épurée, un retour à l’Antique mais dont l’ornement et l’esthétique sont créés par la