Ost - trois modèles du juge
La crise actuelle des modèles tient sans doute moins à l’absence des références qu’à leur trop grande abondance. Le juge n’arrive pas à choisir entre les rôles multiples qu’on attend désormais de lui. Cette prolifération est l’une des marques du postmodernisme, caractérisé par la superposition et les interférences constantes des jeux de langage. Comment alors faire le modèle de ce qui semble se dérober à la modélisation ? Il va commencer par évoquer 2 figures extrêmes de la juridicité pour tracer ensuite dans l’entre-deux la voie d’une 3ème figure complexe.
1) Jupiter, la pyramide et le code
Modèle de la pyramide ou du code. Le D s’exprime à l’impératif et revêt la nature de l’interdit. Kelsen. Rationalisation formelle, qui implique une simplification radicale de la matière juridique concomitante à un nivellement du système social lui-même. Voir la critique p. 253.
Quatre corollaires : - Monisme juridique (la forme dominante est la loi) - Monisme politique (souveraineté étatique) - Rationalité déductive et linéaire (les solutions d’espèce sont déduites de R générales, elles-mêmes dérivées de P plus généraux encore) - Conception du temps orienté vers un futur maîtrisé
2) Hercule, l’entonnoir et le dossier
La dureté du libéralisme économique qui s’est développé à l’abri du juridisme formel a engendré un Etat providence, où rien n’est épargné au juge qui doit tout concilier. Ingénieur social. C’est aux USA avec les courants du réalisme et de la sociological JP que l’on va relativiser le mythe de la suprématie du législateur. Holmes (p. 251). Le D n’est plus un devoir-être mais un phénomène factuel complexe formé des comportements des autorités judiciaires.
Modèle inversé de l’entonnoir où le juge est la source du seul D valide.