Otto dix
L'allusion littéraire permet de préciser le sujet : non plus le carnage, mais l'inondation des tranchées qui rend le combat impossible et force les soldats des deux camps à fuir leur abri sans plus songer à s'entretuer. Ils se réfugient là où l'eau ne les atteint pas, dans la nuit. Quand le jour se lève, ils découvrent qu'ils sont tout proches les uns des autres. " C'est maintenant - écrit Barbusse - un surnaturel champ de repos. Le terrain est partout taché d'êtres qui dorment, ou qui, s'agitant doucement, levant un bras, levant la tête, se mettent à vivre, ou sont en train de mourir.
La tranchée ennemie achève de sombrer en elle-même dans le fond de grands vallonnements et d'entonnoirs marécageux, hérissés de boue, et elle y forme une ligne de flaques et de puits. On en voit, par places, remuer, se morceler et descendre les bords qui surplombaient encore. (...) Tous ces hommes à face cadavérique, qui sont devant nous et derrière nous, au bout de leurs forces, vides de paroles comme de volonté, tous ces hommes chargés de terre, et qui portent, pourrait-on dire, leur ensevelissement, se ressemblent comme s'ils étaient nus. De cette nuit épouvantable il sort d'un côté ou d'un autre quelques revenants revêtus exactement du même uniforme de misère et d'ordure.