Ouverture du film de quignard
Le nouveau programme de littérature, sorti de manière étonnemment précoce, a déjà fait couler beaucoup d'encre. Mais la surprise de voir le Général de Gaulle sauter des pages d’histoire des manuels à celles de littérature a éclipsé l’autre choix d’œuvre, tout aussi surprenant.
Après les duos Kafka/Welles (Le Procès, programme 2005-2006) et Laclos/Frears (Les Liaisons dangereuses, programme 2008-2009), et alors que Le Guépard de Visconti n’avait pas eu les honneurs du programme 2007-2008 (parallèlement à celui de Lampedusa), les élèves de Terminale L seront invités lors des deux prochaines années à plancher sur Tous les matins du monde, un roman de Pascal Quignard, et un film d’Alain Corneau (1991).
On imagine aisément ce qui a motivé le choix ministériel : une œuvre qui a conjugué exigence (la musique baroque, les références au jansénisme, l’omniprésence de la mort) et succès populaire (deux millions d’entrées et sept césars pour le film d’Alain Corneau) ; une relation originale, quasiment incestueuse, entre l’écrit et l’image, puisque le roman de Quignard (qui avait déjà traité le thème dans sa nouvelle La Leçon de musique) est né d’une commande d’Alain Corneau ; une œuvre qui brasse à la fois de grands thèmes (la figure de l’artiste, la transmission) et de nombreux référents artistiques et culturels.
Mais on s’interrogera, à tout le moins, sur le choix d’inscrire, sur les quatre œuvres au programme, trois œuvres du vingtième siècle (même si le Quignard fait dans l’imitation 17ème). Et on avouera notre perplexité à la relecture/revoyure des œuvres de Quignard et Corneau : vingt ans plus tard, le roman paraît assez superficiel, et bien plate son adaptation flimique. Pour ne parler que de cette dernière, la lourdeur de la narration (le flash-back intégral), l’omniprésence de la la voix-off reprenant le texte de Quignard (ici c’est Marin Marais adulte commentant sa vie) au risque de la