Ovide les métamorphoses
Quel sens donner au mythe de Pygmalion et Galatée ?
Beaucoup ont cru que l’amour de Pygmalion était acquis à sa statue puisqu’elle était de lui, et ont déduit de là qu’il ne pouvait que désirer la fusion avec elle. Si le temps le permettait, il faudrait citer le poème liminaire des Tristes, les sonnets à son livre de Du Bellay dans les Regrets, « Don du poème » de Mallarmé et surtout Le portrait ovale d’Edgar Poe.
D’autres ont insisté sur la moralité de la fable, récompense de la piété de Pygmalion ; si c’est vrai, ce n’est peut-être pas l’essentiel.
1. Une vision de l’amour.
a) Dans le cycle des aventures de Vénus, après l’élimination des Cérastes et des Propétides (qui pèchent contre l’amour) survient l’histoire de Pygmalion. Son travail d’artiste consiste à employer l’art à pallier les défauts de la nature. Les vraies femmes étant mauvaises, il se crée un objet fétiche de substitution.
b) Cet objet éveille son désir, en une série de pratiques solitaires, entre l’idolâtrie et les expressions de l’amour le plus ardent, à cette forme de femme.
c) Comment ne pas voir en lui un héros qui a tiré les conclusions de toutes les histoires amoureuses tragiques du livre, où l’excès de passion tue l’aimé (Eurydice, Hyacinthe etc) et condamne à la solitude et au regret ?
2. L’artiste et la déesse.
a) Le désespoir créateur de Pygmalion devrait lui attirer les foudres de Vénus (qui envoie de terribles châtiments à ceux qui refusent son emprise) : l’artiste est sorti de la voie commune en aimant un objet. Mais la piété et l’amour de Pygmalion (à opposer à l’ingratitude d’Atalante et d’Hippomène) le sauvent.
b) La métamorphose, qui a l’air de se produire sous les mains du sculpteur, est une apparence de triomphe de l’artiste amoureux sur la matière inerte, en même temps qu’un passage du fétichisme à un amour moins étrange, bien que la femme ne puisse aimer que lui, venant à peine au monde.
Conclusion : ce récit s’insère dans celui de la «