Ovide, l'épiphanie d'apollon
L’EPIPHANIE D’APOLLON
Vers 493-512
Haec ego cum canerem, subito manifestus Apollo
Mouit inauratae pollice fila lyrae.
In manibus laurus, sacris inducta capillis
Laurus erat; uates ille uidendus adit.
Is mihi 'Lasciui' dixit 'praeceptor Amoris,
Duc, age, discipulos ad mea templa tuos,
Est ubi diuersum fama celebrata per orbem
Littera, cognosci quae sibi quemque iubet.
Qui sibi notus erit, solus sapienter amabit,
Atque opus ad uires exiget omne suas.
Cui faciem natura dedit, spectetur ab illa:
Cui color est, umero saepe patente cubet:
Qui sermone placet, taciturna silentia uitet:
Qui canit arte, canat; qui bibit arte, bibat.
Sed neque declament medio sermone diserti,
Nec sua non sanus scripta poeta legat!'
Sic monuit Phoebus: Phoebo parete monenti;
Certa dei sacro est huius in ore fides.
Ad propiora uocor. Quisquis sapienter amabit
Vincet, et e nostra, quod petet, arte feret.
Tel était le sujet de mes chants quand soudain Apollon m'apparut, et sous ses doigts résonnèrent les cordes d'une lyre d'or; une branche de laurier était dans sa main; une couronne de laurier ceignait sa tête. D'un air et d'un ton prophétiques : "Maître dans l'art folâtre d'aimer, me dit-il, hâte-toi de conduire tes disciples dans mon temple. On y lit cette inscription fameuse dans tout l'univers : [2,500] Mortel, connais-toi toi-même. Celui-là seul qui se connaît suit dans ses amours les préceptes de la sagesse; seul il sait mesurer ses entreprises à ses forces. Si la nature l'a doué d'un beau visage, qu'il sache en tirer parti; s'il a une belle peau, qu'il se couche souvent les épaules découvertes; s'il plaît par son langage, qu'il ne garde point un morne silence. Est-il chanteur habile : qu'il chante; joyeux buveur : qu'il boive. Mais qu'il n'aille pas, orateur bavard ou poète maniaque, interrompre la conversation pour déclamer ou sa prose ou ses vers". Ainsi parla Phébus; amants, obéissez aux oracles de Phébus : [2,510] on peut, en toute confiance,