Pacte autobiographique
La relation qu'un auteur établit avec le lecteur dans une autobiographie est originale et particulière : on parle d'un « pacte autobiographique » qui lie l'auteur et le lecteur.
L'écrivain autobiographe s'engage notamment à dire la vérité sur lui-même.
Explication
Beaucoup d'autobiographies mettent en scène, souvent au début, un « pacte autobiographique » où l'auteur établit en quelque sorte le contrat de lecture qu'il veut nouer avec le lecteur. Il y expose ses intentions ( raconter sa vie intégralement ou partiellement, tout dire ou ne pas tout dire...)(
( et/ou il y justifie son projet ( faire comprendre qui il est, rétablir la vérité sur lui-même, servir d'exemple pour autrui ...) et/ou il s'y engage à dire la vérité, ou fait part de sa conception de la vérité autobiographique(
( et/ou il fait part de ses difficultés ( la fragilité des souvenirs, le risque d'enjoliver le passé, les pièges de l'amour-propre ...)
( et/ou il indique ce qu'il attend du lecteur ( un lecteur qui ne juge pas, ou qui fasse preuve de compréhension, ou qui soit complice, ou même qui joue au voyeur...)
Exemples
André Gide projet de Préface à Si le grain ne meurt, 1924
J'estime que mieux vaut encore être haï pour ce que l'on est, qu'aimé pour ce que l'on n'est pas. Ce dont j'ai le plus souffert durant ma vie, je crois bien que c'est le mensonge. Libre à certains de me blâmer si je n'ai pas su m'y complaire et en profiter. Certainement j'y eusse trouvé de confortables avantages. Je n'en veux point.
C'est parce qu'il se croyait unique que Rousseau dit avoir écrit ses confessions. J'écris les miennes pour des raisons exactement contraires, et parce que je sais que grand est le nombre de ceux qui s'y reconnaîtront.
On voit que le sujet même de ce texte, c'est l'autobiographie qui suit : l'auteur s'explique, justifie son projet, suggère le rôle qu'il attend du lecteur. On est donc en face d'un « pacte autobiographique ».