Page blanche
Liam se pencha prudemment au dessus de la rambarde en fer rouillée, et regarda en bas. Les passants grouillaient sur les trottoirs et paraissaient semblables à une colonie de fourmis. On entendait les klaxons bruyants des voitures, qui s’arrêtaient tous les cinq mètres, bloquées dans les embouteillages. Les taxis jaunes formaient des petites taches un peu partout, et se distinguaient parmi les couleurs ternes des autres véhicules. Les rues donnaient l’illusion d’être étroites, étriquées. Il leva la tête. Une brise fraîche lui chatouilla les joues et les oreilles, il frissonna et se frictionna activement, regrettant de ne pas avoir mis un pull en plus. Son regard se posa au loin. D’ici, on avait une vue imprenable sur la ville, et chaque building pointait vers le ciel, semblant plus immenses encore que sur les photos de souvenirs. Il faisait presque nuit, les lumières et les spots s’allumaient un à un, transformant ce ciel de béton et de verre en un magnifique panorama brillant de mille feux. C’était merveilleux. Il n’avait jamais vu la ville à cette heure auparavant, et il le regrettait. Il aurait peut-être du apporter son appareil photo, après tout, peu de personnes avaient du assister à cela, même un New Yorkais de racine. Il sourit en pensant à ce moment de privilège.
Liam lâcha la rambarde, s’essuya les mains sur son jean et s’allongea sur le bitume. Il pouvait rester là autant de temps qu’il le voulait, personne ne viendrait le chercher ici. Il sortit son baladeur mp3, enfonça les écouteurs dans ses oreilles et passa une musique des Earth Wind and Fire en fredonnant, savourant l’instant. Puis il l’éteignit et se concentra sur les bruits environnants. On pouvait entendre les sirènes hurlantes de la police, il s’imagina les voitures filant à tout allure derrière les cambrioleurs de banque, comme dans les films. Ce qui dominait sans doute toute cette agitation nocturne étaient les klaxons incessants. Réflecteurs du manque de patience des New Yorkais,