A TRAVERS LES SIECLES

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Ce qu’il faut entendre par Afrique noire

Pour le touriste qui, venu passer ses vacances au Kenya, séjourne dans la région de Malindi, le contraste est saisissant. D'un côté, une petite ville dotée d'un aéroport et, de l'autre, tout près des immenses plages que baigne l'Océan Indien, des femmes broyant le mil. Ni leur geste, ni le tronc d'arbre évidé, ni le pilon de bois n'ont changé depuis l'âge de pierre, alors qu'elles vivent à 120 km seulement du grand port de Mombassa, une métropole moderne de 300.000 habitants. Indifférentes au rythme de la civilisation occidentale introduite par les Blancs, elles continuent de préparer ainsi la farine qui sert toujours de base à l'alimentation indigène. Mais le voyageur curieux n'est pas au bout de ses surprises. A 2 km de là, il découvrira les ruines de Gedi, une cité bâtie au XlVe siècle par les marchands arabes qui longeaient alors les côtes de village en village. Une végétation luxuriante a reconquis ce qui fut leur capitale, et les citernes dans lesquelles ils recueillaient l'eau de pluie, vestiges laissés par d'habiles maçons, sont aujourd'hui le gîte d'innombrables serpents. Contraste encore les cases faites de boue et de paille agglomérées, où vivent leurs lointains descendants, ne doivent rien à l'architecture des industrieux conquérants musulmans.
Telle est, pour nombre d'Européens, l'antichambre de cette Afrique noire immense que nous allons parcourir ensemble, après tant de commerçants et de colons aventureux, qui lui donnèrent son nom moins à cause de la couleur de peau de ses habitants que du mystère qui imprégnait cette terre comprise entre le désert saharien et le Cap de Bonne Espérance. Ils voulaient remonter jusqu'aux sources du Nil, ce fleuve quasi mythique qui fit la richesse de l'Ancienne Egypte et nourrit une prodigieuse civilisation, mais aussi connaître les ressources de l'or! Ils espéraient enfin savoir si les fabuleux royaumes du