Papy
Ahmed AKOLI : Les accords de paix de 1995 ont été une avancée significative dans le règlement du problème du Nord du pays. Mais l'absence d'une volonté politique et la mauvaise foi qui a caractérisé l'attitude du pouvoir ont empêché leur application effective. Ils constituent un acquis majeur pour le pays dans son ensemble.
Il est indéniable que la rébellion des années 90 a permis la décentralisation dont tous les nigériens sont fiers et qu'ils considèrent comme une avancée démocratique indiscutable. Cette décentralisation reste cependant inachevée et les moyens de son accompagnement restent dérisoires. C'est ainsi que plusieurs municipalités n'ont pas pu se mettre en place ou ont vite cessé de fonctionner. Nombre de maires et d'élus ont jeté l'éponge et certains ont regagné le MNJ pour dénoncer l'inertie de l'Etat. A cela s'ajoutent les réflexes dirigistes des tenants du pouvoir qui manipulent ces collectivités à travers les gouverneurs des régions qui font et défont les lois à leur guise et cela au détriment d'une vraie démocratie à la base. Pourtant la décentralisation pourrait constituer un espoir et un moyen efficace d'adaptation de la politique aux besoins réels des populations. C'est la seule manière de tenir compte de la configuration sociopolitique de chaque région en répondant à ses spécificités économique démographique et culturelle. Il faudrait bien admettre qu'il y a des variantes importantes selon qu'on veut administrer une région à vocation agricole et sédentaire, ou qu'on se situe en zone pastorale et nomade.
Les différents régimes qui se sont succédé au Niger depuis 40 ans se sont caractérisés par une volonté clairement affichée d'asphyxier la région Nord et les communautés qui y vivent. Toute la population est aujourd'hui consciente de cette situation et l'Etat ne peut plus continuer la même