Paradoxe du contrôleur
Cet article, écrit par Vincent Dubois, a été publié dans la revue Actes de Recherches en Sciences sociales. S'intéressant aux politiques sociales de l'État et à la mise en place des procédures de contrôles, l'auteur se focalise, en raison de la thématique du numéro de la revue, sur les relations de face-à-face entre contrôleurs et contrôlés. Cette approche délaisse, et c'est l'auteur lui-même qui le remarque, plusieurs dimensions comme les modalités de déclenchement de ces contrôles, ou les caractéristiques des contrôlés.
En amont, les contrôles plus sévères des assistés s'expliquent par une « imposition d'une vision financière de la protection sociale qui conduit à limiter les débours par tous les moyens ». Le renforcement de ces contrôles trouve ses fondements tant dans la logique d'une politique « paternaliste » que dans celle d'un « rationalisme de l'économie néo-classique ». Après avoir évoquer ces raisons, assez brièvement, l'auteur s'attache donc à la figure du contrôleur: ses pouvoirs, ses libertés et ses contrôles.
L'article opère une dichotomie des sources du pouvoir des contrôleurs. Ces derniers fondent leur pouvoir sur ce que l'auteur nomme « leur mandat institutionnel », tout en profitant également de l'ambiguïté de leur situation professionnelle et l'imprévisibilité de leur contrôle. L'incertitude des situations de contrôle couplée à la force de l'institution fonde dès lors ce que l'auteur appelle le paradoxe du contrôleur. Cette ambivalence du contrôleur est nécessaire pour comprendre et expliquer les situations de contrôle.
La liberté du contrôleur est grande. En effet, son rôle n'est pas tant de contrôler la conformité d'un dossier mais « d'établir une situation »: la vérification de critères objectifs a cédé le pas à l'évaluation circonstanciées – partant, cette liberté offre une large latitude d'action aux contrôleurs de par la présence d'une subjectivité évidente dans leurs contrôles. Dans ce sens, on comprend