Parasitisme
Si l'on croit encore à la possibilité de l'événement en art comme en politique ou dans les sciences humaines, alors il faut parasiter. Parasiter, c’est ruser, car il s'agit bien d'une ruse qui consiste à donner le change. On fait mine d'accepte le cadre. Il n'est pas question de grands gestes de refus. Il ne s'agit pas de subversion. Comme le rappelle M.Serres dans Le Parasite (1997), le code génétique du parasite biologique devient compatible avec celui de l'organisme-hôte. Sinon les anti-corps de l'hôte veillent, et c'est la destruction. Cette association peut perdurer parce qu'elle est pro table aux deux organismes : c'est la formule du clientélisme romain. L'un trouve protection et nourriture, l'autre la reconnaissance sociale et politique. L'évènement dans l’évolution surgit quand l'organisme-hôte s'adapte à son tour au code génétique du parasite et que surgit une structure totalement inattendue. Il faut préciser cette relation entre l'hôte et le parasite en dehors de la sphère biologique. Un bon parasite imite son hôte. C'est massivement le cas dans la sphère de l'éducation. Un bon étudiant est un parasite qui ne doit pas dévoiler trop tôt ses batteries, c'est-à-dire sa singularité, parce que l’institution veille. Si maintenant on replace ces analyses dans le contexte des rapports entre industries culturelles et production artistique artisanale, depuis l'École de Francfort et son ancêtre Kracauer, on a l'habitude d'entendre dire que les premières aliènent la seconde. En fait, si les industries culturelles se renouvellent en absorbant les nouveaux talents, ces derniers doivent considérer la culture au sens le plus large comme un terreau fertile. Toute l'oeuvre de Buren en témoigne, des proclamations incendiaires, anti-muséales des années 60 jusqu'au Double Plateau du Palais Royal, où les socles des statues devinrent des monolithes structurant la cour du Ministère de la Culture. On ne parlera pas de récupération. Car il y a du risque de