Christian Le Bart met l’accent sur l’influence du locuteur dans le processus d’apprentissage et d’argumentation, ici dans le droit constitutionnel. Lors d’une discussion et plus encore d’un apprentissage, la posture des locuteurs est essentielle car un rapport de force se crée dans lequel l’un professe tandis que l’autre écoute. Par exemple les manuels de droit constitutionnel légitiment leur matière, et à travers eux les auteurs qui les ont écrits, ils essaient de construire la « figure idéale du citoyen » (p. 66) en moralisant le contenu de leurs livres. La parole des manuels est donc comme les autres, à prendre avec précautions et à remettre en question s’il le faut car elle ne doit pas être souveraine.

Nous allons maintenant nous intéresser aux stratégies discursives. « Prendre le pouvoir par le discours, c’est modifier l’univers de croyances et de représentations de son ou ses co-énonciateur(s) » écrit Blandine Pennec en amorce de son intervention. B. Pennec mène une analyse sur les propos tenus en public par des notables de France et montre à quel point les stratégies discursives sont aussi importantes que l’argumentation car « elles ne se présentent pas comme telles ». La parole est donc à double tranchant selon la personne qui la manipule. Comme nous le disions plus haut, la prise de parole est une prise de pouvoir, et à l’Assemblée Nationale les enjeux sont démultipliés car les enjeux de pouvoir sont déjà en place. Dominique Desmarchelier explique que les prises de parole non autorisées font partie intégrante de ce débat et expriment une tentative de « partage de ce pouvoir », le pouvoir politique.

"""Autre question posée par cet ouvrage collectif, celle du pouvoir central en rapport avec des langues nationales. Les États-Unis, pays anglophone et grande terre d’immigration fait face à un problème nouveau : ces dernières années, de plus en plus d’hispanophones immigrent et l’anglais peine à s’imposer dans les régions qu’ils peuplent le plus