Parole
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Qu’est-ce que la parole ? Le substantif PAROLE vient du latin ecclésiastiquePARABOLA, « parabole, discours inspiré », dont il constitue le doublet populaire : par définition, la parole donne une représentation métaphorique du réel, elle en fournit une image symbolique et, selon certains, ressemblante, du moins à l’origine. Mais c’est bien là la difficulté
: la parole appartient au domaine de la figure et non de l’être. Elle transpose le réel et la pensée sans garantir la coïncidence entre le langage et les choses ou entre le discours et la pensée. La fonction poétique du langage, en effet, leste le mot de connotations, d’évocations associées qui en enrichissent d’autant plus le sens que l’orateur use de la parole de manière suggestive et subjective. La littérature ne vise pas l’univocité du sens, dont la fixation lui paraît relever de l’illusion : usant de fictions, elle en éclaire le mystère. En effet, les dispositifs littéraires, comme au théâtre, Les Fausses confidences ou, en poésie, Romances sans paroles, travaillent le matériau linguistique de manière à lui faire dire ce qu’on ne veut pas entendre ou reconnaître. On pourrait croire que la philosophie se différencie de la littérature en ce qu’elle vise l’établissement de la vérité, mais le dialogue socratique au programme va bien au-delà de cette stricte et simpliste opposition. Suivons le conseil donné par Socrate : revenons aux principes de la linguistique pour mieux comprendre la définition du signe dont use la parole. La linguistique définit les structures du langage comme un système organisé et le signe comme une entité psychique à deux faces : signifiant / signifié1. Elle distingue des unités significatives (les mots) et non significatives (les phonèmes, autrement dit les voyelles, les consonnes, les syllabes, etc.). Plus spécialement, le langage articulé, spécifique de l’homme, se distingue du langage animal qui se rapprocherait d’une origine naturelle du langage ; le